Saint-Cybardeaux
Nuits Archéo – Programme 2025

Les « Nuits archéo », soirées événements organisées par le Département sur ses sites patrimoniaux, sont un temps fort de l’été.
Retrouvez la Nuit Archéo du 27 juillet 2025 avec le spectacle "Émergence" suivi de musique en images avec le trio Temp.
Les vestiges cachés de la colline des Bouchauds
Le théâtre et le sanctuaire gallo-romains construits sur la colline des Bouchauds à Saint-Cybardeaux (20 km d’Angoulême). Le Département de la Charente, propriétaire du théâtre depuis 1959 et du sanctuaire en 2009, a mené d’importants programmes de restauration et de valorisation de cet espace monumental.
Ces vestiges sont les derniers témoins visibles d’une agglomération gallo-romaine dont le nom n’est pas avéré. S’agit-il Sermanicomagus, l’agglomération mentionnée sur la Table de Peutinger, une copie du XIIIe siècle d’une carte routière antique, mentionnant les routes et agglomérations principales de l’empire romain ?
Le théâtre, construit à flanc de colline, offre une vue panoramique sur la vallée de la Charente. L’édifice, composante caractéristique des agglomérations romaines, a fonctionné entre le Ier et le IIIe siècle ap. J.-C. Ses proportions exceptionnelles et sa capacité estimée à 5 000 spectateurs, en font l’un des plus grands de la Gaule rurale.
Le sanctuaire est installé sur une vaste esplanade au sommet de la colline. Etendu sur près d’1 hectare, il était visible depuis la Via Agrippa (axe routier antique reliant Lyon à Saintes) qui longeait la colline au nord. Les vestiges de quatre temples ont été identifiés, ainsi que plusieurs bâtiments de service. Seul trésor mis au jour, une figurine de Mercure (dieu romain du commerce et des voyageurs) retrouvée au pied d’un vestige du sanctuaire et dont la réplique est exposée à l’Espace d’Interprétation du Gallo-Romain des Bouchauds.
En 2016, le Département de la Charente a relancé un programme de recherche sur le sanctuaire. Chaque été les archéologues assurent les visites de leur chantier.
A proximité de la colline des Bouchauds, l’Espace d’Interprétation du Gallo-Romain présente l’histoire de ces vestiges, ainsi que le contexte de découverte. Installé dans une ferme charentaise, cet espace est conçu pour que chacun puisse s’immerger dans l’Antiquité et découvrir la civilisation à l’origine de ces constructions.
Le chantier de fouilles de Saint-Cybardeaux
L’histoire archéologique de la colline des Bouchauds débute au XIXème siècle sous l’impulsion d’un érudit local : Jean Gontier, propriétaire de parcelles sur le flanc nord de la colline. A cette époque, seuls subsistent les vestiges de hauts murs. Ces vestiges, alors nommés « château des fades » (des fées) interprétés comme ceux d’un château médiéval, font l’objet de nombreuses légendes locales (souterrains pour brigands, veau d’or,…).
Jean Gontier identifie les vestiges comme ceux d’un théâtre gallo-romain. Ils sont classés au titre des Monuments Historiques en 1881. Entre 1901 et 1908, le nouveau propriétaire Jean-Maurice Laporte-Bisquit (sénateur de la Charente et maire de Jarnac) missionne le jésuite et archéologue Camille De la Croix pour dégager l’ensemble des vestiges. Le théâtre a des proportions imposantes avec un diamètre de 104 m et une capacité estimée à environ 5 000 spectateurs. La cavea se compose de deux volets de gradins de part et d’autre desquelles deux vomitoires permettaient l’accès des spectateurs. L’orchestra accueille la scène et deux rangées de gradins en pierre, réservés aux personnalités aisées.
Le théâtre devient propriété du Département de la Charente en 1959.
Le vaste plateau boisé d’environ 1 hectare au sommet de la colline ne fait l’objet que de peu d’investigation. En 1974, le Ministère de la Culture confie les premières fouilles à Louis Maurin, archéologue et historien spécialiste de l’Antiquité à l’université de Bordeaux III. Entre 1978 et 1995, l’archéologue François Thierry poursuit la recherche. Du sanctuaire gallo-romain sont mis au jour quatre temples implantés dans 2 aires cultuelles accolées, ainsi que des bâtiments de service. Ces vestiges sont classés Monument Historique en 1992. Le Département de la Charente acquiert le site en 2009 et engage l’année suivante un important programme de restauration qui permettra la réalisation de fouilles préventives sur deux temples carrés.
En 2016, le Département de la Charente missionne l’archéologue Lucie Carpentier, dont le sujet d’étude s’intitule "Sanctuaires en Gaule romaine : espaces, pratiques et environnements", pour coordonner un nouveau programme de recherche sur le sanctuaire. Le projet définit plusieurs axes de recherche avec pour objectifs de préciser : la nature de certains aménagements, la chronologie relative entre les structures et l’intégration du sanctuaire dans son environnement monumental.
Ce premier programme de recherche sur le sanctuaire mène à de nouvelles campagnes de fouilles entre 2017 et 2019, puis entre 2021 et 2023, toujours orchestrées par l'archéologue Lucie Carpentier.
Actualité de la recherche
Problématique 2021
Depuis 2021, le Département a lancé un nouveau chantier de restauration du site gallo-romain des Bouchauds. Il se concentrera essentiellement sur le pan septentrional de l'Ensemble II, notamment au niveau du bâtiment H identifié précédemment comme une conciergerie ou une salle de banquet. Il semble intéressant de pouvoir se pencher avec attention sur son tracé, sa chronologie mais aussi sur sa fonction.
Dégager le mur de péribole de manière extensive paraît également nécessaire, d'autant plus que l'hypothèse d'un système de double galerie similaire à celui documenté sur le plan sud de l'Ensemble II, a été avancée pour cet espace.
Ces 3 campagnes de fouilles seront réalisées en accord avec les services de la DRAC, par l'archéologue Lucie Carpentier et son équipe.
Pourquoi restaurer ?
Le cabinet d'architecte du patrimoine Arc&Sites a réalisé un diagnostic des vestiges du théâtre en 2020. Il s'agissait de réaliser des relevés photogrammétriques et topographiques du site, d'effectuer une synthèse historique et archéologique, de dresser un état des lieux et un bilan sanitaire des vestiges, mais également d'établir une notice descriptive des travaux et d'en estimer le coût.
Ce diagnostic a ainsi permis de révéler les différents pathologies des vestiges. Même si les maçonneries du théâtre ne présentent pas de désordre structurel apparent, un fort développement de mousses, lichens et algues noires sur les élévations et les arases dégrade les maçonneries et favorise les infiltrations et désorganise les parements. De fines fissures apparaissent également sur la maçonneries du vomitoire ouest et les plus hautes élévations présentent des dégradations du parement.
Les pierres utilisées pour la création des marches le long du théâtre se fracturent. Les intempéries et le passage du public dégradent la surface et les nez des marches. Les eaux pluviales s'infiltrent et délitent ainsi la pierre. Le site comprend également plusieurs zones où le risque de chute des personnes est avéré. La faible hauteur en élévation des maçonneries ne permet pas de garantir la sécurité.
Quel est le programme de restauration ?
Le programme de restauration des vestiges du théâtre est divisé en plusieurs tranches qui s'étalent sur 3 ans.
En 2021, il a été choisi d'effectuer les premiers travaux de sécurisation pour garantir la sécurité des visiteurs. Le programme est le suivant :
- la restauration et la surélévation du mur de scène
- la restauration du mur à l'arrière de la scène et ses contreforts
- la suppression de la passerelle en acier galvanisé
- le remplacement des 3 escaliers en acier galvanisé par des escaliers en acier corten situés dans la partie haute du théâtre
En 2022, les travaux de restauration se déclinent dans différents domaines d'interventions :
- Maçonneries : Les maçonneries des parados, des vomitoires et des espaces de circulation seront nettoyées et restaurées en recherche.
- Escaliers et caniveaux latéraux : Les pierres des marches actuelles sont fracturées. Elles seront déposées. Leur support sera conservé pour la pose des nouvelles pierres. Le sol actuel en stabilisé des paliers et des cheminements se dégrade fortement avec les intempéries. Les revêtements seront remplacés par un béton de chaux lavé avec en surface un concassé calcaire.
- Serrurerie : Les gardes-corps, portillon et main courante en acier galvanisé seront déposés et remplacés par des éléments fi ns en acier corten. Le remplissage des gardes-corps sera en maille inox. Ces éléments seront localisés au niveau des zones présentant des risques de chutes pour le public.
- Electricité : Les spots encastrés au sol au niveau des cheminements et des escaliers seront déposés et reposés après les travaux. Les matériels défectueux seront remplacés.
Au sanctuaire, les travaux consisteront à un nettoyage général et des reprises ponctuelles. A l'angle nord-est, les maçonneries seront restaurées et la petite butte sera conservée comme témoin archéologique.
En 2023, il s'agit de poursuivre ces travaux de restauration, qui s'achèveront par la restauration des murs de scène, de l'enceinte des gradins et la reprise des escaliers en pas d'âne d'accès au théâtre.
Problématique 2019
La campagne de l’été 2019 ponctue le programme triennal de recherches mis en place sur le sanctuaire qui portait essentiellement sur la question de la circulation des fidèles dans l’espace monumental, notamment au niveau des galeries périphériques de l’Ensemble I.
Au terme de ces quatre campagnes menées entre 2016 et 2019, l’évolution du sanctuaire apparaît beaucoup plus complexe que ce qui est généralement admis. L’abandon du site ne semble pas avoir été le fruit d’une destruction violente mais d’une lente désaffection, qui s’est accompagnée d’une récupération systématique des maçonneries. On note ainsi que le mobilier livré par la fouille depuis 2016, toutes couches confondues, n’excède pas le IIIe s. ap. JC.
Problématique 2018
En juillet 2018, deux sondages ont été ouverts au sommet de la colline boisée des Bouchauds, à la jonction du sanctuaire et de l'édifice de spectacle. Il a s'agit de déterminer la nature des espaces destinés à la circulation des fidèles et ainsi de poursuivre la compréhension de ce lieu de culte antique majeur en Charente.
Les nombreuses questions structurelles et de phasage engendrées par les fouilles de cette année seront traitées dans le cadre de la campagne de 2019 qui poursuivra ainsi l'étude de ces deux grandes zones de fouille.
En savoir +
Problématique 2017
Un projet de fouilles sur trois ans a été amorcé en juillet 2017, portant essentiellement sur la question de la circulation dans le sanctuaire, et notamment sur la galerie périphérique de la cour sacrée orientale. La mise au jour de nouveaux aménagements en 2016 : galerie périphérique, entrée méridionale,..., a offert d’intéressantes perspectives d’étude pour cette nouvelle campagne.
Deux sondages ont donc été implantés en périphérie de la cour sacrée orientale afin de caractériser ces aménagements. La question de la circulation des fidèles dans l'ensemble monumental, et notamment dans le sanctuaire, nous amène ainsi à préciser la topographie du lieu de culte et, par là-même, la fonction respective de ses différentes composantes.
La problématique liée à la présence de galeries périphériques sera développée lors des prochaines fouilles, via le développement du sondage localisé dans l'angle nord-est du lieu de culte et l'ouverture d'un nouveau sondage à cheval sur les deux cours sacrées.
Ces 3 campagnes de fouilles seront réalisées en accord avec les services de la DRAC, par l'archéologue Lucie Carpentier et son équipe.
Site en images
Regard de photographe - Images d'archives
Jules Robuchon
Jules Robuchon est un photographe connu pour ses ouvrages illustrés sur le patrimoine de l’ouest de la France dont « Paysages et monuments du Poitou » (1883-1895). En 1898, il s’installe à Poitiers et fonde le Syndicat d’Initiative des Voyages du Poitou. En 1905, il devient photographe pour la Société des Antiquaires de l’Ouest.
C’est dans le cadre de ces activités que Jules Robuchon se rend au théâtre des Bouchauds et réalise une série de clichés des vestiges du théâtre récemment dégagés par le Père Camille De la Croix. Ce dernier, un jésuite passionné d’archéologie, est connu pour son étude du baptistère Saint-Jean à Poitiers à la fin du XIXe siècle. A la demande des propriétaires des vestiges des Bouchauds, M. Jean-Maurice Laporte-Bisquit, sénateur de la Charente et maire de Jarnac, et Mme Laporte-Bisquit, le Père Camille De la Croix dégage l’intégralité du théâtre antique entre 1901 et 1908.
Regard de dessinateur
Isabelle Dethan
Isabelle Dethan est une auteur de bande dessinée installée à Angoulême. Passionnée d’Histoire et de dessin, elle parcourt l’Antiquité au fil de ses ouvrages « Les Ombres du Styx », le « Tombeau d’ Alexandre » ou dernièrement « Aquitania ».
En 2011, le Département de la Charente lui confie la création d’une planche de BD sur le thème d’une villa aristocratique gallo-romaine, telle que celle mis au jour sur le site des Châteliers à Paizay-Naudouin-Embourie. Puis, l’année suivante elle réalise plusieurs dessins de restitution du sanctuaire et du théâtre des Bouchauds.
Reconstitution 3D
Les résultats des recherches menées depuis plus d’un siècle et demi a permis aux archéologues de fournir les données nécessaires à la reconstitution en 3D des vestiges gallo-romains.
Il s’agissait, à partir des données scientifiques et des hypothèses des chercheurs de proposer un plan et une élévation en 3D du sanctuaire et du théâtre. Ce travail a été réalisé par Archéotransfert (Université de Bordeaux-CNRS).
Audiovidéoguide
Le Département de la Charente est à l’initiative de circuits audioguidés par les voix de personnalités, sur plusieurs sites patrimoniaux : l’Espace d’Architecture Romane à Saint-Amant-de-Boixe avec la voix de l’acteur Mickael Lonsdale, l’Eglise souterraine à Aubeterre-sur-Dronne avec la voix de l’acteur Thierry Frémont, ou le site gallo-romain de Cassinomagus à Chassenon avec la voix du comédien François Marthouret.
Sur la colline des Bouchauds, c’est la voix de l’acteur Lorànt Deutsch qui guide les visiteurs à la découverte des vestiges du sanctuaire et du théâtre.
Le Département de la Charente a fait appel à l’auteur de bande dessinée Lorenzo Chiavini pour illustrer les points d’intérêt du parcours audioguidé. A partir des résultats de la recherche scientifique, il a restitué le sanctuaire et le théâtre. Lorenzo Chiavini, après des études en architecture, devient dessinateur pour le « Journal de Mickey » et pour la presse italienne. Arrivé en France en 2009, il est accueilli en résidence à la Maison des auteurs à Angoulême.
Le Département vous propose de télécharger gratuitement la visite audioguidée (version française) sur votre smartphone (cliquez sur les visuels ci-dessous) ou de vous rendre à l’Espace d’Interprétation du gallo-romain à proximité de la colline des Bouchauds pour obtenir votre audioguide.
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